«Je suis agent de bord.» Sourcils relevés: «De bar?». «Non, de bord.»
Sourire incertain. Je lâche enfin le morceau: «Hôtesse de l'air». Ah!

8.11.10

Vancouver :: Le hasard

Le hasard m'aura donné des oiseaux de nuits comme colocs. Trois colocs qui vivent la nuit et dorment le jour. C'est pour cette raison que je vous écris à cette heure, c'est-à-dire 23h07. Parce que depuis 21h30, un de mes colocs écoute de la musique à tue-tête dans le salon. Par chance, vers 22h15, il a changé de style. De je ne sais quoi boum boum, on en est maintenant à du classique genre madrigal. Très très beau. Mais fort en titi. Et je ne fais que contenir mon agressivité intérieure en bougonnant sur mon matelas de sol. Je sais, je pourrais aller lui demander de baisser le volume. Mais c'est un état permanent dans cet appartement. Un mode de vie. Tiens, musique de film maintenant. Envolée de cuivres en crescendo. Trémolos de petite flutes. Coups de cymbale magistraux. Silence? Non. Intermède. Merde. Massive Attack. 23h19.

Cinq jours que je suis ici. Me reste encore un bon trois semaines. Patience. Je devrais aller jogger au gym en bas, c'est ouvert 24 heures sur 24. Dommage que le spa ferme à 22h00. 

J'avais hâte de vivre l'expérience à L'Auberge espagnole. Je rêve maintenant de tranquillité, d'un lit plus douillet et d'une fenêtre dans ma chambre. Cette chambre, ou plutôt cette pièce de rangement louée à prix d'or, contient à peine un matelas de 5 cm d'épaisseur qui déborde sur les murs qui l'entourent. L'appartement, qui devrait être luxueux dans cette tour de 30 étages, contient peu d'ustensiles et d'instruments pour faire la cuisine, un comptoir empli de vaisselle sale, un frigo débordant d'aliments à l'odeur suspecte, un tout petit sofa et pas de table. J'ai dû laver la salle de bain de fond en comble à mon arrivée. Aucun détails à donner ici...

Mais la vue! Trois murs vitrés de haut en bas donnant sur le centre-ville. Les gratte-ciels illuminés ont toujours fait surgir en moi un sentiment de mystère. Un air de jazz sur fond de sirène. La trompette de Nils Petter Molvaer. L'inconnu. Les possibilités. J'aime la ville, les grandes villes. Profondément.

SAUF QUE. Une chance, il y a un sauf que. Mes trois colocs sont des soies au niveau humain. Quatre pays représentés en un lieu: Allemagne, Mexique, Arabie Saoudite, Canada. Nos conversations sont touchantes, comme le sont toutes conversations de rencontres intenses, mais éphémères. Ils sont tous trois généreux, souriants, ouverts d'esprit. 

23h40. De l'électro maintenant. Je pensais qu'il travaillait tôt les jours de semaine?

Maman, ne t'en fais pas, ça paraît bien épouvantable comme ça, mais je m'en sors très bien! J'aime raconter, tu sais. Comme je l'ai dit aujourd'hui: s'il y a une chose dont je suis persuadée, c'est d'être à la bonne place au bon moment.  

Je vais annoncer à mon coloc que je ne resterai pas en décembre. J'ai déjà une proposition de retourner chez Mélia, avec qui j'habitais en octobre. Et puis, j'irai cogner aux portes de quelques agences de placement pour trouver du travail.

Presque minuit. Ciboire. Demain, je m'achète des bouchons.

1 commentaire:

  1. Ben là c'tune vraie joke!!! ils ne pensent pas à ceux qui veulent dormir!??? Ils travaillent le jour ou pas?? Ils ne sont pas portés sur le ménage!!?
    J'espère que tu réussiras à t'habituer pour les 3 semaines qui reste.

    PRends soin de toi.
    Mary xxx

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