«Je suis agent de bord.» Sourcils relevés: «De bar?». «Non, de bord.»
Sourire incertain. Je lâche enfin le morceau: «Hôtesse de l'air». Ah!

28.3.12

Le déclic

J'aimerais vous parler de Lucy Maud Montgomery (1874-1942), romancière de l'Île du Prince Édouard. "Anne, la maison aux pignons verts", c'est elle. Ses mots ont bercé mon adolescence. J'ai lu "Anne" a l'âge adulte. Ce qui m'a conquise, c'est "Émilie de la Nouvelle-Lune", lu à l'âge de dix ans. Fort probablement des romans pour filles et femmes davantage que pour la gent masculine. Romantiques. Imagés. Drôles. Vrais. Touchants. Poétiques. J'ai rarement lu une auteure qui savait si bien manier les mots. Un délice. Un charme. Des personnages tellement vivants que j'ai le sentiment de les avoir côtoyés. Émilie, l'héroïne de cette trilogie, a l'écriture dans le sang. C'est un don. Elle ne peut s'en passer. Avez-vous déjà fait l'expérience du "déclic"? Oui. Tout le monde l'a vécu. La plus grande joie d'Émilie, c'est de voir surgir le déclic. Quand cette impression survient, le bonheur de l'instant présent vibre. Un état de grâce. La sensation que tout est . Une compréhension. La magie. Cette amoureuse de la vie, ravie, court mettre en mots ce qu'elle vient de ressentir à travers le déclic, le plus souvent à la vue de jonquilles naissantes, lors d'une promenade dans la forêt du Grand Fendant ou d'un coucher de soleil sur la Maison Déçue. Quelle surprise et quel plaisir j'ai éprouvés à la lecture de ces passages dans "Émilie"! Ça existait! Je n'inventais pas cette expérience difficile à décrire.  

Mon déclic se produit quand le soleil tombe. Une fraîcheur dans l'air. Des traînées de lumière rose et jaune s'effilochent parmi les nuages en contre-jour. Ça remonte à l'enfance. Il y avait un grand champ derrière la maison. Du balcon, en pyjama, on regardait le soleil se coucher en parlant au walkie-talkie avec nos voisines d'à côté. Trois petits bouts de choux heureux. Une lueur dorée dans les yeux. Seul le moment présent compte. Demain n'existe pas. Ça remue à l'intérieur. Un sourire d'enfant de cinq ans aux lèvres. Je suis complètement heureuse le temps que ça dure. D'habitude (malheureusement, c'est assez éphémère), le déclic apparaît au contact de la nature. Sur le bord de la mer. En forêt. Dans les montagnes. C'est beau. Je me rends compte que je fais partie d'un tout. Et que finalement, on n'est pas grand chose sans être lié au reste.

Quand je voyage, ce moment de grâce jaillit souvent. C'est le jackpot. La nouveauté d'un lieu inconnu m'amène au déclic. Il faut comprendre ceux qui sont accros au voyage, il n'y a pas de secret. 

Je me rappelle, il y a peut-être deux ans, j'ai découvert un bout de ruelle cachée proche du Métro Mont-Royal. Elle mène dans la cours du monastère. J'étais en vélo. Je me sentais comme une enfant fébrile qui pense avoir trouvé un trésor. On ne peut qu'être concentré sur les sensations nouvelles. Un petit rien du tout que la rencontre de cette ruelle encore inconnue pour moi. Mais ça a fait naître des images neuves. Éclairé ma journée un instant. On est là, maintenant, et c'est tout. Vibrant à la seconde près, sans les pensées tourbillonnantes qui stressent nos corps, nos vies. 

C'est pourquoi le voyage m'attire autant. Il me fait vivre le déclic comme jamais. C'est un baume. Un antidote. À la puissance dix, on n'a de choix que de vivre le moment présent. 

21.3.12

Voyager autrement

L'an dernier, j'ai expérimenté trois façons de voyager autrement, au niveau de l'hébergement. À moindre coût, en maximisant les opportunités de rencontrer des gens, qu'ils soient voyageurs ou locaux. 

Une fois qu'on a essayé, on entre dans la roue du voyage autrement. Je vous le jure, de nouvelles opportunités, inattendues, s'offrent à nous. Ou ce que Julia Cameron appelle la synchronie. Mais ça, c'est une autre histoire. Pour peu que vous embarquiez à fond la caisse dans l'aventure (bien encadrée, rassurez-vous, on est loin du camping dans la cambrousse sans toilette!), vos yeux s'ouvriront vers de nouvelles perspectives!

Je vous propose ces trois façons de se loger, du plus confortable au plus aventurier:
C'est mon ami Jeroen qui m'a parlé de ce site internet qui recense des milliers et des milliers de logements, maisons ou chambres, dans 192 pays. Airbnb se considère comme une plateforme communautaire. Des gens, vous, moi, offrent un espace pour dormir dans leur propre demeure à travers ce site. Il y en a pour tous les goûts, tous les prix. Oui, on peut trouver un château, une villa, un chalet de luxe, mais aussi des chambres dans des appartements plus qu'abordables. J'ai utilisé les services d'Airbnb quand j'ai voyagé un mois en Allemagne l'an dernier et ça m'a coûté moins cher que payer pour un lit dans un dortoir d'une auberge de jeunesse. En plus, on y fait la rencontre de "l'habitant", qui peut nous donner plein de trucs ou d'idées de visites. Souvent, l'hôte habite les lieux lors de notre séjour. En général, il est possible d'utiliser la cuisine. En voyage, ça permet d'économiser beaucoup de sous. Ce que j'aime de ce site, c'est qu'il est basé sur la confiance. Pour chaque chambre que vous voudriez réserver, il est possible de lire les commentaires laissés par d'autres voyageurs. Les photos sont souvent un bon indice de l'état des lieux. Un hôte ne laisse pas de photos de sa demeure? On oublie ça tout de suite. C'est louche. Pour bénéficier des services d'Airbnb, il suffit simplement de s'inscrire et de créer un profil. Laissez une photo de vous (pas floue et pas de loin; pour les hôtes aussi, ça peut paraître louche et ils risquent de privilégier quelqu'un d'autre) et donnez une description de vous même. Plus la description sera détaillée, plus on aura confiance de vous louer une chambre. Il ne faut pas oublier que l'on ne réserve pas un hôtel. On vit avec la personne qui loue. Et même si elle n'est pas là, on utilise sa maison. Il est apprécié par les hôtes que l'on fasse la vaisselle et laisse les lieux propres à notre départ, comme si l'on était chez soi. Avant de réserver un endroit, vous pouvez aussi écrire à l'hôte. L'échange de courriels donne une bonne indication de la personnalité de la personne. La facturation est effectuée dès la réservation. Cependant, le paiement à l'hôte est transmis vingt-quatre heures après l'arrivée du voyageur. De cette façon, si vous n'êtes pas satisfaits lorsque vous constatez l'état des lieux, vous pouvez contacter Airbnb pour recevoir de l'aide. Selon moi, la propreté ne devrait jamais être au laisser-aller, même si l'espace loué n'est pas cher. Si vous invitez des amis à utiliser le site, vous pouvez obtenir des crédits qui vous permettront d'économiser sur votre prochaine location. Également, advenant la publication d'une annonce pour un espace à louer dans votre demeure, vous obtenez des crédits. 

Si vous voyagez en Allemagne, voici deux endroits que je ne peux que vous recommander. Ils sont situés à moins de cinq minutes à pied d'un transport en commun menant dans le centre-ville en environ dix-quinze minutes. À Hannover, j'ai habité avec Fabian dans le quartier Linden (un peu comme notre Plateau Mont-Royal à Montréal). Il propose une chambre avec deux lits simples. Nous y étions comme à la maison et Fabian est un hôte fantastique: http://fr.airbnb.com/rooms/231932

Chambre de Fabian, Hannover
Chambre de Fabian, Hannover


À Hamburg, j'ai loué la chambre de Tillmann, zen, aérée, avec un beau balcon. Il n'était pas là lors de notre séjour, mais il s'est assuré que tout roulait rondement pour le transfert des clés: http://fr.airbnb.com/rooms/200206

Chambre de Tillman, Hamburg


AUBERGES DE JEUNESSE

Oui, les auberges de jeunesse ne sont pas réservées qu'aux jeunes! Certaines demande une restriction par rapport à l'âge, mais c'est rare. Il s'agit d'une très bonne façon de voyager à petit prix tout en rencontrant des voyageurs du monde entier, de tous les âges. Beaucoup d'auberges de jeunesse proposent des chambres privées si vous désirez plus d'intimité, tout en payant moins cher que pour une chambre d'hôtel. Si vous êtes plus aventurier, il y a les fameux dortoirs, mixtes ou unisexes.  Amenez un cadenas pour mettre vos effets de valeur dans une case que l'on vous prêtera. Certains endroits offrent le déjeuner gratuitement. Voyez-y, ça fait une différence dans le budget! Et puis, en général, il y a une cuisine commune où il est possible de préparer ses repas. Également à vérifier: la présence de serviettes et de draps. Pas toutes les auberges mettent ces articles à disposition des voyageurs. Parfois, il faut payer un supplément pour les obtenir. Aussi, on offre parfois le shampoing et le savon dans des distributeurs situés dans les douches. Deux choses de moins à amener. Tiens, ça me fait penser que j'avais oublié de mettre du savon dans ma valise pour mon séjour à Boston. Oui. Bon. Vous savez que mon voyage à Boston a encore été repoussé. Mon vol a été annulé pour cause de brouillard sur l'île de Toronto (j'y avais une correspondance). Je pensais pouvoir vous parler de mon expérience de dortoir puisque j'avais loué un lit au Hi Hostel Boston situé dans le quartier Back Bay. Je n'y suis pas allée, je ne peux donc pas en parler tout de suite. Cependant, j'ai déjà loué deux chambres privées dans deux auberges de jeunesse, une à Vancouver et une à Bremen en Allemagne. Les deux expériences se sont révélées fort positives.



Centre-ville. Chambre privée. Deux lits simples superposés. Une petite table. Toilettes et salles de douche unisexes à chaque étage, propres. L'auberge était vide lors de mon séjour, en janvier. C'était tranquille, mais je ne sais pas ce qu'il en est le reste de l'année. Il y a un pub situé au rez-de-chaussée. Il faut compter 58 dollars la nuit, 29 dollars par personne. Il faut ajouter les taxes.

Le Cambie Seymour Hostel fait partie du réseau Cambie Hostels. L'auberge de jeunesse la plus célèbre est le Cambie Gastown. Si vous cherchez à rencontrer beaucoup de monde et que vous êtes du type party, c'est LA place. On oublie la tranquillité. Un énorme bar très fréquenté est établi au rez-de-chaussée. L'alcool coule à flot, la musique est reine jusqu'aux petites heures. Pas sûre que je réserverais une chambre là. Mais j'ai des amis qui y sont restés des mois (des étrangers avec visas de travail) et qui ont adoré ce style de vie. 

Hostel Posty - Bremen - Allemagne

J'ai été impressionnée par cette auberge de jeunesse. Propre? J'y ai vu une personne passer la vadrouille matin et soir. Ça sent bon. Les toilettes et salles de douche sont également nickel. L'auberge est aérée. Deux grandes pièces communes avec sofas sont situées de chaque côté du corridor qui passe entre les chambres privées ou dortoirs de six lits maximum. Elle dispose d'une énorme terrasse sur le toit, avec BBQ, accessible nuit et jour. Internet wi-fi offert gratuitement. Aussi: une salle à manger et une cuisine où un léger déjeuner est inclus: tranches de pain, beurre, confiture, marmelade, café et thé. Le centre-ville se rejoint en dix minutes de marche. Le personnel est ultra-sympathique. Vous pouvez demander une carte de la ville au comptoir d'accueil. Dans chaque chambre privée, on trouve deux lits simples superposés, des draps, une petite table avec deux chaises ainsi qu'un miroir et un lavabo (eau froide seulement). Entre 24 et 26 euros par personne par nuit, dépendant du jour de la semaine ou fin de semaine (environ 36 à 39 dollars par personne). Les taxes sont incluses. Pour un lit dans un dortoir, il faut compter de 18 à 24 euros par personne par nuit (environ 27 à 36 dollars). Voyager en Allemagne dans les auberges de jeunesse coûte cher. C'est pour cette raison que j'ai privilégié le mode Airbnb. 

Terrasse de l'Hostel Posty, Bremen


J'espère pouvoir y aller en avril! Il paraît qu'à Boston, l'hébergement est très cher. Cette auberge de jeunesse semble une bonne alternative aux hôtels. Recommandée par des guides de voyage et bien cotée sur internet, elle fournit un déjeuner complet, des draps, du shampoing et savon dans les salles de douche, internet wi-fi et une activité gratuite pour chaque journée de la semaine (que ce soit un musée, une visite guidée, etc.). Le coût est de 35$ US par nuit pour un lit dans un dortoir. Pour comparer, une chambre privée coûte 110$ US. À ce prix, l'option hôtel est probablement meilleure. On doit ajouter 3,00$ par jour si l'on n'est pas membre de Hostelling International. De fait, le réseau Hi Hostel fait partie de l'association Hostelling International. Certains standards de qualité doivent être respectés pour faire partie du réseau. 



Houuuuu... Là on parle! Si vous êtes plus audacieux, aventurier, si le confort n'est pas votre premier critère d'hébergement, mais plutôt l'imprévu, ça vaut la peine d'essayer le couchsurfing. Il s'agit d'une communauté mondiale de voyageurs réunie sur un site internet. D'un échange. Car ici, tout est gratuit. Vous offrez votre sofa à un ou plusieurs voyageurs (habituellement pas plus de deux). Ou vous voyagez et atterrissez chez un parfait inconnu pour partager son quotidien (et utiliser son sofa) pour une nuit ou plus. Quand on commence, on se rend compte que les possibilités sont énormes. Le principe est le même qu'Airbnb pour la sécurité et la confiance. Tout est basé sur les commentaires qu'ont laissé les autres voyageurs à propos d'un hôte ou d'un invité de passage. Ma maman chérie s'est beaucoup inquiétée quand je lui ai parlé de couchsurfing. C'est vrai, il y a des méchants partout dans le monde. Mais je pense qu'il y a beaucoup plus de gens bons que des vilains. Il faut toujours observer certaines règles de sécurité. Même ici, à Montréal. Le gros bon sens est de mise. Certaines personnes s'inscrivent sur Couchsurfing.org et surfent davantage qu'ils n'hébergent. Le contraire est aussi vrai. Même, il est possible de s'inscrire sans couchsurfer ou héberger, mais plutôt pour rencontrer, dans sa propre ville, des voyageurs. Car plusieurs groupes ont été créés, que ce soit par rapport à une ville (le groupe Montréal compte plus de 18000 membres) ou une activité (aller danser, aller au cinéma, voir un spectacle, etc.). Chaque personne membre d'un groupe peut publier un nouvel événement ou une activité. Par exemple, en vue de mon séjour à Boston, je me suis inscrite au groupe Boston. J'ai publié un message disant que j'allais visiter la ville pour une première fois et demandait si quelqu'un voulait bien se joindre à moi. J'ai reçu quatre réponses sympathiques, deux filles et deux garçons. Quelques courriels échangés et déjà un lien était tissé. Pour commencer mollo, vous pouvez aussi mettre votre profil à "Hang out" au lieu de "Disponible pour héberger". Un couchsurfer peut alors vous contacter seulement pour aller prendre un café.

Pour le moment, j'ai couchsurfé une fois et accueilli un couchsurfer chez moi. Vrai, l'ultra confort ou l'intimité ne peut être pris en compte. Certains sofas/salons sont plus conviviaux que d'autres. Mais la rencontre de tous ces gens! N'oubliez pas: c'est gratuit! Il faut être prêt à accepter d'autres personnalités que la nôtre, rencontrer d'autres cultures parfois très différentes de la nôtre et habiter dans un endroit qui peut ne pas correspondre à nos standards de vie. Ce sont des si. Mais c'est ce qui est enrichissant et qui fait partie de l'aventure. Il est toujours possible de ne rester qu'une nuit et dormir sur un autre sofa la nuit suivante. Plus souvent qu'autrement, ces rencontres engendrent des moments positifs. Dites-vous que si une personne est prête à accueillir chez elle un parfait inconnu gratuitement, c'est qu'elle a le sens de la générosité et de l'altruisme. Qu'elle est fière de participer à cet échange provoqué par le voyage et qu'elle aura envie de vous montrer des lieux inédits, des restaurants, des événements de sa ville. Nouveau sur Couchsurfing.org: il est possible de consulter une liste de gens qui cherchent un sofa dans notre ville. On peut donc visiter les profils de ces voyageurs et offrir son sofa à une personne qui correspond à nos affinités. Avant, on affichait la disponibilité de son sofa et on était contacté par le couchsurfer, peu importe lequel. Cette option est toujours disponible.

Je pense qu'il s'agit d'une opportunité merveilleuse et sécuritaire de voyager, avec opportunité de rencontrer des gens de tous horizons, et ce gratuitement. Qui dit mieux?

Voyager ET être nourri gratuitement

Oui, c'est possible. Je ne l'ai pas encore testé. J'y pense sérieusement. À mon avis, cette façon de voyager est intéressante pour un long séjour (plus d'un mois). C'est quoi? 


Un toit et trois repas par jour gratuits en échange d'huile de bras pour différents projets: rénover une maison, apprendre une langue à un hôte, travailler sur une ferme, dans une auberge, un hôtel, etc. Une recherche approfondie est requise pour trouver un endroit qui corresponde à nos besoins. Cette façon de voyager m'intéresse dans une perspective de perfectionnement d'une autre langue. Par exemple, quelques hôtels d'Espagne recrutent des voyageurs pour l'accueil, le bar ou autre. En échange de quelques heures de travail par jour (bien discuter du nombre d'heures de travail par jour avant l'arrivée, cartes sur table, et demander les avantages offerts en retour, pour éviter les mauvaises surprises), une chambre privée est offerte, trois repas par jour, accès à la piscine et autres services de l'hôtel. On y rencontre des voyageurs du monde entier, on y perfectionne une langue et on peut penser voyager sur une longue période à peu de frais, en butinant de place en place.

C'est tout pour le moment! Plusieurs autres possibilités existent pour voyager autrement ou rencontrer des gens. Je vous en reparle dans un autre billet!

16.3.12

À la bibliothèque

Je suis à la Grande Bibliothèque. Je viens de remettre les livres sur Boston que j'ai empruntés, en vue de mon court séjour de ce dimanche à mercredi. Comme toujours, je me rends dans la section "Géographie et Voyage". Des dizaines et des dizaines de livres. Les titres m'interpellent. Tous. Tous. Que ce soit des pays ou des villes. Rio de Janeiro, Marrakech, Prague, Budapest, Pays de Galles, Bangkok, Bali, Australie, Martinique, Mongolie, Puerto Rico, Tibet, Guatemala, Chypre, Égypte, Inde, Îles Galapagos, Îles Seychelles, Pérou, Réunion, Nassau, Indonésie, Moscou, Chine, Mexique, Johannesburg, Luxembourg. Ces noms font naître des images, des idées, des rêves, une fébrilité sans borne, une impatience. Mon dieu. Mon dieu! Je voudrais tous les voir, ces pays. Le monde est tellement différent. Tellement différent. Je voudrais du temps. Je voudrais avoir le guts de partir pour une année au tour du monde. Assouvir ce désir profond de voir, de connaître, de rencontrer. Comment y parvenir... C'est un rêve pour beaucoup de personnes. Il faut seulement en faire sa priorité. Oser. Chasser la peur. Faire le choix. Voyager et travailler. Est-ce possible d'y penser dans un mode de vie permanent? Je regarde ces livres, ces images, et l'émotion monte en moi sans que je l'y invite. Elle apparaît, c'est tout. J'ai commencé à lire des blogs de voyageurs "professionnels", qui en ont fait un mode de vie. Qui sont partis dans l'esprit de revenir sédentaires dans quelques mois ou au plus un an. Mais qui sont restés sur la route. J'aimerais pouvoir voyager pour une très longue période. L'essayer du moins. M'arrêter quelque temps dans un pays pour travailler. Puis repartir. J'entrevois déjà le mal de tête dû aux visas...

Je n'étais pas partie pour écrire ce billet aujourd'hui. En fait, je voulais continuer à préparer le prochain texte qui propose des alternatives pour voyager autrement. Oui, c'est difficile de tenir promesse et d'écrire une fois par semaine. Rassurez-vous, plein d'idées attendent dans un cahier. Il faut seulement que je m'y attelle!

Bonne fin de semaine ensoleillée! De mon côté, je marcherai dans les rues de Boston et vous en donnerai des nouvelles!

6.3.12

Roma: Prosecco, pizza, monumenti, sole... e la dolce far niente!


(D'abord, je tiens à m'excuser. Ce billet est long. Je ne l'ai pas voulu. Rome. Trop belle. Je n'ai pas pu me limiter. Je ferai mieux la prochaine fois!)

Dans le langage agent de bord, on appelle "pairing" tout voyage qui nous amène à dormir au moins une nuit à destination. Quand j'ai reçu le coup de téléphone du service d'affectation pour me dire que je partais pour Rome pour deux jours, j'ai crié. Premièrement, c'était mon premier pairing (il y a presque un an de ça). Deuxièmement, j'allais visiter une des villes les plus majestueuses et mythiques au monde. My - God. J'étais loin de me douter qu'à la fin de l'été, je compterais cinq pairings dans cette ville plus grande que nature.

Par bonheur, j'avais pour collègue une fille amoureuse du voyage, aventurière, aux idées folles. Je ne la connaissais pas, mais ça a cliqué tout de suite. Dans la navette qui nous a menés à l'hôtel, Adèle (c'est son nom) a sorti son IPod et m'a tendu une oreillette. Au fond du camion, sur la banquette, on a écouté à tue-tête des crooners italiens sous les coups d’œils amusés de nos autres collègues. Il fallait bien se mettre dans le mood: " 'O sole, 'o sole mio / Sta 'nfronte a te!" Il faisait beau. Il faisait chaud. Un gros vingt-cinq degrés Celsius sans humidité. Un soleil éclatant. Un ciel bleu. Et un conducteur italien. Ça signifie conduite (trop) rapide dans petites rues.

À l'hôtel, je reçois une carte magnétique comme clé. Je monte à ma chambre, j'ouvre la porte. C'est noir. La lumière ne s'allume pas. Je m'acharne sur l'interrupteur. Voyons, c'est quoi le truc? Je suis fatiguée, ça fait environ vingt-cinq heures que je n'ai pas dormi et je veux pouvoir prendre ma douche et me mettre au lit le plus rapidement possible pour visiter! Juste quand je commence à désespérer, le téléphone sonne. Je tâtonne dans le noir (pourquoi les rideaux sont-ils fermés...?), je m'empêtre dans ma valise, mais je finis par attraper le combiné.
- Andrée, c'est Adèle. Juste pour te dire que pour allumer la lumière, il faut que tu insères ta carte magnétique dans la fente à côté de l'interrupteur.
Ahhhhhh. Merci Adèle!

En début d'après-midi, on se retrouve dans le lobby, Adèle, le commandant, le premier officier et moi. Direction Dal Bolognese, un restaurant bordé par la Piazza del Popolo. Je suis (sur)excitée, je n'ai pas envie de manger. Je veux juste me sauver et marcher toute la journée/toute la soirée pour VOIR. Je trépigne. Mes compagnons ont souvent vu Rome, eux. Ils ne pensent qu'au Prosecco, à la birra, au prosciutto di parma, au tagliolini al ragù di culatello et au gelato di crema al balsamico. C'est un peu cher, mais délicieux et l'emplacement est idéal. J'ai des yeux tout le tour de la tête et peine à me concentrer sur le menu que je devine plus que je ne le comprends. Je mémorise l'essentiel: "Voglio una birra per favore. Grazie!". Je me délecte des mots que je prononce et que je perçois, c'est si beau! J'entends "Prego" par ci, "Prego" par là. Coudonc, c'est quoi ça, "Prego"? On dirait un mot-clé utilisé à toutes les sauces. On m'explique que ça peut dire "merci", "de rien", "je vous en prie", "avec plaisir", autant en introduction de conversation qu'à la fin. On peut donc commencer une conversation par "Prego?". Je tombe en amour avec la langue, j'ai envie de l'apprendre, mais je veux d'abord commencer par l'espagnol. Une chose à la fois.

Monumento a Vittorio Emanuele II
Comment ne pas tomber en extase devant pareille beauté?

Je m’emplie les yeux et les oreilles du spectacle trépidant qu'offre Rome. Les gens parlent fort, la langue se chante. C'est incroyable à quel point les Italiens gesticulent. Et la circulation! Mon dieu. Un défilé rapide de voitures, mais surtout de motos qui roulent rapidement - trop rapidement - dans les plus grandes rues. Je comprends qu'il faut forcer son chemin en tant que piéton et j'ai peur de me faire frapper. C'est qu'ils n'arrêtent pas, ces véhicules! Adèle me prend le bras et traverse d'un pas décidé. Aïe aïe aïe... Un gémissement s'échappe de mes lèvres. Un rush d'adrénaline m'assaille. Je vois des dizaines de motos et voitures foncer sur nous sans ralentir. Au dernier moment, ils s'arrêtent. Mon coeur cesse de battre. On est à peine hors de leur chemin qu'ils redémarrent en trombe. Woah. "On va essayer de traverser aux feux, ok?" Mes collègues rigolent.

En chemin vers la Fontaine de Trévi, on fait une halte pour prendre un gelato dans un kiosque. Ça goûte le ciel. Mais ça fond trop rapidement. Mon dieu qu'il fait chaud! Je ne m'en plains pas, je suis ravie. En plein mois d'avril, ça fait du bien.

On est attiré dans un attroupement monstre d'une ville déjà envahie de touristes. Une parade. Une fanfare. On suit la masse quelque temps puis on bifurque à la vue d'un panneau indiquant la fontaine. On débouche sur la Piazza di Trevi et j'ai le souffle coupé. Mon dieu. C'est grandiose, immense. Des sculptures géantes, magnifiques. Le dieu Océan porté par un char tiré par deux chevaux marins. De l'eau surgit en cascades sous le char et se répand dans un énorme bassin d'eau rectangulaire. Derrière, le Palazzo Poli. Je me pince. Suis-je vraiment ici, à Rome? Il y a tellement de monde! C'est presque impossible d'avancer, la foule est si dense, c'est étourdissant. Le bruit des chûtes est étouffé par des centaines de voix qui s'interpellent, le crépitement des flashs et le cri des marchants ambulants qui vendent toutes sortes de babioles. Adèle n'hésite pas, elle fend la foule et m'amène avec elle. Elle se faufile jusqu'à ce qu'on se trouve en avant de la fontaine, en plein centre. "Et maintenant, une photo!" On jette ensuite un sou dans l'eau en faisant un vœu. Lequel? Bah, je ne vous le dis pas!

Fontana di Trevi

Le commandant nous quitte pour aller se reposer. Il nous laisse entre "jeunes", Adèle, David le premier officier et moi. Après avoir acheté mon aimant (bon, je sais, c'est un peu quétaine, mais j'achète un aimant dans chaque ville que je visite. Sur mon frigo, ça commence à faire une belle mosaïque. Je collectionne les villes et plus j'en ai, plus je veux en visiter!), on se dirige vers le Colisée. Pour y aller, on se promène dans le centre historique de Rome. La ville antique. Des ruines, des ruines, des ruines partout. Des ruines qui parlent. Des bâtiments qui ont changé de vocation, mais qui vivent encore. Dans un champ de fouilles archéologiques poussent des roses sauvages à travers les colonnes déterrées et les anciens égouts. On s'y arrête. Je les yeux plein d'eau. Au loin, j'aperçois l'Arco di Costantino, inauguré en 315 après Jésus-Christ pour commémorer la victoire de l'empereur Constantin sur l'empereur Maxence en 312, dans la Bataille du pont Milvius. Le soleil décline. L'arc est baigné d'une lumière dorée qui le glorifie, mais en même temps, le berce d'un charme mélancolique. Des amoureux s'embrassent. Oh! je regrette de ne pas avoir un amoureux à embrasser, moi aussi. Rome est LA ville romantique par excellence.

Arco di Costantino

Une conversation en français me tire de ma rêverie:
- On n'a rien vu, rien! Que des ruines! Ce n'est rien! Rien! Une journée perdue!
Un groupe de Français se tient contre le garde-fou qui protège le site archéologique. Un homme d'une cinquantaine d'années s'insurge et semonce ses camarades. Selon lui, tous ces monuments ne valent pas la peine d'être vus. Que des ruines... Rien du tout. Eh bien, mon ami, fallait aller à New York!

J'ai été émue par la Fontaine de Trévi, mais le Colisée, watch out. Est-ce possible d'avoir construit quelque chose d'aussi gigantesque? Il est trop tard pour y entrer. Ma plus grande déception. Je m'approche et je colle mon oeil à travers le grillage. Imaginez... Des centaines d'années en arrière. Des milliers de personnes crient, huent. Des milliers de voix en écho. Je sens leur présence. C'est troublant de se tenir dans un lieu qui a tant de vécu. Comme si l'existence de tous ces milliers d'humains, tous ces événements passés (jeux de gladiateurs, reconstitutions historiques, chasses d'animaux sauvages, exécutions publiques) avaient laissé une empreinte dans la pierre. On s'assoit dans l'herbe, muets, et on l'observe. Une partie du Colisée est démolie. Un grand tremblement de terre en 1349 a provoqué l'effondrement d'un mur. Également, dès le Moyen-Âge, manquant de pierres pour la construction d'autres monuments, on y a pris celles du Colisée. Elles ont servi, entre autres, à bâtir une partie de la Basilique Saint Pierre.

Colosseo

La dolce far niente? C'est fou, autant Rome bat rapidement (il n'y a qu'a penser à la circulation automobile, à la quantité de personnes qui y vit ou la visite ou au caractère bouillant et impulsif des Italiens), autant on peut sentir son côté chaleureux, relaxe. On prend le temps de manger, de bavarder, de s'arrêter, de goûter aux plaisirs de la vie. Ses ponts qui traversent la rivière Tevere (Tibre) et ses rambardes emplies de dizaines de petits cadenas entrelacés, avec les noms d'amoureux inscrits dessus. Les rayons chauds du soleil. Les vignes de roses qui poussent sur les maisons. Les rues étroites, emplies de petits restaurants de quartier, de terrasses et de cafés. La langue. Quelqu'un peut-il m'expliquer comment se fait-il que les Italiens en général soient si beaux? Les hommes, bronzés, sveltes, à la barbe naissante et aux cheveux fournis, portent le costume avec classe sans avoir l'air coincé. Ils ont du style, c'est incroyable. Les femmes! Simples, naturelles. Le teint doré, les sourcils définis, des vêtements et des accessoires de qualité, les cheveux bien placés. Elles marchent avec assurance. L'élégance et la sensualité en un. Bon, les femmes plus âgées sont dans une classe à part. Le stéréotype est réel. Beaucoup de maquillage, beaucoup de bijoux, des chapeaux à larges bords, de grandes lunettes fumées, les cheveux courts, teints, en mise en plis parfaite. Ce n'est pas naturel, mais ça en jette. Même pour faire l'épicerie, elles se préparent comme si elles se rendaient dans un restaurant chic.

Vue d'un pont passant sur la rivière Tevere

Au retour, David est convaincu qu'il se rappelle du chemin qui nous conduira à l'hôtel. On lui fait confiance, c'est un pilote d'avion commercial, il devrait avoir le sens de l'orientation. Après une heure de dédale, on décide de prendre les choses en mains Adèle et moi. On se moque de lui. Hum hum, monsieur le pilote. Ce n'est pas sérieux. Remarquez, on ne peut pas se plaindre. Il est minuit, il fait encore chaud. Les gens s'attardent sur les terrasses. On s'extasie de ces petites rues loin du centre où l'on marche. On croise des fontaines, on traverse un parc. Les arbres me fascinent, je n'en ai jamais vu de tels: de longs troncs tordus avec, tout en haut, une boule de feuillage. On dirait qu'ils ont été taillés, mais ils sont si grands que c'est impossible. Finalement, on hèle un taxi. Adèle n'en peut plus, ses pieds la font souffrir. Les dix euros les mieux investis de la journée. 

Le lendemain, je pars seule. Je me dirige vers le Vatican, qui est situé à quinze minutes de marche de notre hôtel. Je me pince encore pour être certaine que je suis vraiment à Rome. Avant d'entrer dans l'enceinte, je croise toutes sortes de kiosques emplis de sacoches "fabriquées en Italie, en vrai cuir", de médailles du pape Jean-Paul II, de cartes postales et de calendriers et statuettes religieuses.


Place Saint Pierre et Basilique Saint Pierre

Basilique Saint Pierre
  
Le soleil plombe sur l'immense place Saint Pierre, encerclée par deux promenades de pierre couvertes et bordées de quatre rangs de 284 colonnes et d'innombrables statues. Je suis encore émue. Je touche les colonnes, froides dans la chaleur ambiante. Puis, je visite l'exposition destinée au pape Jean-Paul II, vraiment très intéressante. 

Pour entrer dans la Basilique Saint-Pierre, il faut se soumettre au contrôle de sécurité exécuté par de nombreux gardiens. Des centaines et des centaines de personnes font la file pour entrer. Certains sont refoulés parce qu'ils portent une camisole ou des shorts trop courts. Bizarrement, la Basilique ne me fait ni chaud ni froid. C'est trop grand (vingt mille personnes peuvent s'y asseoir). Des planchers de marbre. Cependant, la lumière passant en rayons à travers le dôme (le plus haut au monde) donne un effet saisissant. Pour finir, je m'engage dans l'allée menant à la chapelle Sixtine, précédée d'un homme anglais. Le Garde Suisse, aimable (et vraiment cute), l'arrête et lui parle en anglais. J'attends en arrière, je n'écoute pas trop. L'homme repart. Je poursuis mon chemin et c'est à mon tour de me faire interpeller, en italien cette fois. 
- I'm sorry, I don't speak italian. 
Il sourit: "English?" Je fais signe que oui. Il m'explique que la chapelle est fermée pour la journée. Je suis déçue.
- When will it be open again?
- Vous êtes Canadienne? Du Québec?
Je tombe sur le cul. Il a décelé mon accent francophone en une phrase, mais en plus, il sait que je viens du Québec? De nouveau, je fais signe que oui, abasourdie.
- Demain, ce sera ouvert dès neuf heures.
- Merci. Vous parlez italien, français et anglais. En plus, vous avez détecté mon accent du Québec. Je suis impressionnée!
Il sourit de nouveau, me dit qu'il parle aussi allemand et que le français, l'italien et l'allemand sont les langues officielles de son pays, la Suisse. Il m'explique qu'il rencontre beaucoup de gens de toutes nationalités, dont des Canadiens du Québec, et que c'est pour cette raison qu'il a reconnu mon accent. J'apprendrai plus tard que les Gardes Suisses doivent être âgés entre dix-neuf et trente ans lors de leur recrutement et qu'ils doivent être célibataires. Eh bien. Alors que je reviens sur mes pas, il lance: "À demain, alors?" Demain, je repartirai vers le Canada. Ce sera pour une autre fois! C'est à mon tour de lui sourire: "Bonne journée!"

Sur le chemin du retour, je m'arrête à l'excellente épicerie fine Castroni sur Via Cola di Rienzo. J'achète du vinaigre balsamique, une pizza aux tomates, du fromage et des olives pour souper. Pour la route, je demande un espresso, divin.

Caffe Castroni

Épuisée par ces deux journées de marche, mais heureuse et consciente de ma chance, je passe la dernière soirée dans ma chambre à écouter la télé italienne. Demain, je me lève tôt. 

Oh oh. J'ai oublié d'apporter un réveil matin. Re-oh oh. Mon téléphone cellulaire ne fonctionne pas ici, l'heure ne change pas selon le fuseau horaire de son emplacement. On m'a dit qu'il ne fallait pas se fier au "wake-up call" de l'hôtel. Parfois, ils oublient. Je stresse de manquer le transport pour l’avion. J'appelle Adèle dans sa chambre. Elle promet qu'elle me téléphonera à quatre heures du matin. Ok. Vers quatre heures et demi, toujours rien. Heureusement, j'ai reçu l'appel du préposé à l'accueil. Je téléphone à Adèle: "Je voulais juste te dire que je suis réveillée. M'as-tu appelé quand j'étais dans la douche?" Elle est confuse: "Mais je t'ai appelée, tu as répondu". "Non..." On s'esclaffe. "Qui tu as appelé, quelle chambre?" "Tu n'es pas dans la 408?" "Non...!" "La personne a dit "ok", et elle a raccroché." Hihihi! Oups…

Dans la navette qui nous conduit à l'aéroport, je suis déjà impatiente de connaître ma prochaine destination!