«Je suis agent de bord.» Sourcils relevés: «De bar?». «Non, de bord.»
Sourire incertain. Je lâche enfin le morceau: «Hôtesse de l'air». Ah!

29.10.11

Toulouse :: Octobre 2011

Il paraît qu’on appelle Toulouse la ville rose, comme on appelle Montréal la ville aux cent clochers. C'est mon amie Mélia qui me l'a dit. Wikipédia m’apprend que c’est à cause du matériau utilisé traditionnellement pour fabriquer les bâtiments, soit la brique de terre cuite. Soit!


École des Beaux-Arts

Qu’il est beau cet accent chantant des Toulousains! 4ème ville de France, Toulouse a une chaleur qui s’attarde et un vent jeune qui se colle à l’âge de ses bâtiments, ses rues, ses ponts, ses églises. Pas étonnant: 41% de sa population a entre 20 et 39 ans.

On loge dans un très bel hôtel de la rue St-Jérôme autour de la Place Occitane. Déjeuner inclus! J’adore. Ça m’empêche d’aller faire l’épicerie pour le lendemain matin. 

J’étais au 3ème étage. Chambre 308. J’ai ouvert la porte et oh, bonheur, une odeur de frais m’a accueillie. De lessive. Pas l’odeur de propre javellisé qui caractérise les chambres d’hôtels, non. Une odeur de lessive maison, de grand vent, de Bounce « fraîcheur matin » si vous voyez ce que je veux dire. Un lit Queen avec tout plein d’oreillers. Une petite table bistro devant une grande fenêtre. Une télé avec chaînes internationales, parfait pour l’insomnie immanquable qui caractérise le métier. Un frigo bien sûr. Le Wi-Fi! Une petite salle de bain avec une douche européenne typique : une demi-vitre empêche l’eau de cracher de la douche au plancher. Pas de rideaux. Pas de porte vitrée complète. Juste une vitre qui s’arrête à la moitié de la longueur du bain.

Je me suis glissée avec délectation sous une douche chaude, très chaude. Assez pour m’engourdir avant de m’endormir. 30 minutes plus tard, je dormais comme une bûche. Ma routine après un vol: me recréer une « nuit » de 3h30/3h45. Toujours, je dors d’un sommeil profond et sans rêves. Quand mon réveil sonne, j’ai l’impression que ça fait seulement 5 minutes que je dors. Quelle sonnerie agressive! Cibole… Je le lancerais au bout de mes bras. Au moins, je suis sûre de me réveiller. Ma hantise : arriver en retard au pick up le matin d’un vol.

Toulouse, à moi! Je suis passée par la réception pour cueillir un plan de la ville. Il était 15h00. 18 degrés. Soleil éclatant. En passant sur la rue du Rempart St-Étienne pour me rendre au grand boulevard, j’ai été arrêté par le fameux marathon municipal. Une fanfare tonnait et acclamait les coureurs qui arrivaient par grappes. 

Comme toujours, je me laisse porter par les voies du hasard. J’ai rencontré la Place du Capitole, point culminant du marathon, avec le Donjon du Capitole, le Théâtre du Capitole et l’ancienne mairie. Une aile de l’ancienne mairie étant ouverte, j’y suis entrée. La Salle des Illustres. D’énormes tableaux couvrent tous les murs y compris les plafonds. Magnifique. Ce peintre en particulier, Henri Martin, possède une touche impressionniste lumineuse. Il a reproduit une scène où hommes et femmes font les foins. Je suis restée devant pendant de longues minutes, admirant la façon dont il avait recréé le mouvement des fourches et de l’herbe se soulevant. Étonnant à quel point j’avais l’impression de voir les corps bouger. Je suis rarement captivée par la peinture, mais ici, c’était comme si je faisais moi-même partie du paysage. Le tableau, énorme, couvrait peut-être une surface de... je ne sais pas, 12 x 4 mètres? Et cet autre peintre, Paul Gervais. Très beau. Mais il représente toutes les femmes nues et les hommes habillés. Eh bien, ce n’est pas juste.

Salle des Illustre - Peintre: Henri Martin

Salle des Illustres
Ah! Ces villes françaises où les rues tournoient...! À moins de connaître la ville, impossible de se retrouver sans carte. Les rues se croisent, se recroisent. Vous avez beau avoir le sens de l’orientation, il n’y a rien de nord sud est ouest ici. Ça m’a pris quelques minutes pour me replacer dans le droit chemin: direction Église du Taur. Fermée. Maudit. Plus loin, une tour... Bingo! La Basilique St-Sernin. Construite au début du 12ème siècle, très longue, mais étroite, elle possède de petites fenêtres hautes sans vitraux qui lui confère une atmosphère un peu sombre. Par contre, une très grande fenêtre ronde prend place à l’arrière de l’église et lorsque le soleil est haut, il plombe directement à l’intérieur. Là, tout s’illumine. Dans les bas-côtés, des sculptures très réalistes de différents saints et martyres avec leurs biographies. Je me suis assise dans la nef, mais il y avait tellement de monde qui parlait fort, trop bruyant. Difficile d'apprécier. De toute façon, j'avais faim. 

Après avoir pris un plat de pâtes pour emporter chez Mezzo di Pasta, j’ai marché jusqu’à la Place St-Pierre pour pouvoir longer le bord de la Garonne. Avant de descendre sur la berge, j’ai croisé le bar «Chez Tonton, Pastis Ô Maître ». J‘adore. Pour un dimanche soir, la gent masculine, bruyante et excitée, y était fort présente. Sa petite sœur à côté, « La couleur de la culotte », mettait en vedette le même genre de spécimen. L’ambiance était au rire et à la fiesta...! J’avais envie d’aller y prendre un verre, mais le soleil déclinait et j’avais encore quelques kilomètres à faire avant de me rendre à l’hôtel. Dommage. 

Je suis remontée sur la rue La Daurade pour y visiter l’église du même nom. Une église vide... rare et appréciable. Je m’y suis posée pour me reposer un moment et penser. Tranquille. Méditer. Sur le chemin du retour, j’ai croisé la Cathédrale St-Etienne, mais elle était fermée elle aussi.

Par un petit détour, j’ai trouvé une épicerie ouverte! Il faut savoir que tout est fermé en France les dimanches (en Europe en général?), à part les bars et les restos. J’ai hésité avant de prendre une bouteille de vin. Pour sûr, il allait y avoir du gaspillage parce que je n’allais pas la boire en entier... Tant pis, j’en avais envie! Un Bordeaux (qui s‘est révélé très bon!) à 4 Euros, on ne rechigne pas.

Deux gars début vingtaine style squeegee avec leur chien m’ont accostée. « Mademoiselle, z’avez pas un peu de monnaie? » « Désolée, j’ai déjà donné à quelqu’un là-bas! ». C’était vrai. « Pas de problème! ...un câlin alors? » Il a ouvert grand les bras avec un énorme sourire, n’y croyant pas vraiment. Je me suis arrêtée en souriant et secouant la tête en même temps. « Un câlin? » Ah la la... J’ai ouvert les bras à mon tour et me suis dirigée vers lui. Je vous jure, je pense qu’il n’aurait pas été aussi heureux si je lui avais donné 20$. J’avais l’impression d’être le Père Noël. Les yeux ronds, son sourire s’est de nouveau agrandit:  « Ah putain... J’y crois pas! » Je l’ai serré dans mes bras, ça été très court, peut-être 4-5 secondes. « C’est trop gentil, ça, woah... » J’ai fait sa journée. La mienne aussi, ça m’a fait plaisir de le voir aussi content pour une simple accolade.

Finalement, je suis allée me chercher une pizza, cuite au four. Dé-li-cieuse. Tomates fraîches, épaule (c’est de la viande, mais je sais toujours pas vraiment ce que c’est... comme une genre de grosse tranche de bacon, mais rond), mozzarella, olives, champignons. Mmmmmm... Accompagnée du Bordeaux, j’ai mangé dans ma chambre, assise à la petite table bistro. Un peu de télé pour m’endormir (sur France 1, j’ai visionné distraitement « Coco » puis... « Spiderman », tout en feuilletant des magazines).

Dodo à minuit et demi... Et... oui, non, oui...? Non. Pas réussi à faire la nuit. Comme ça arrive 9 fois sur 10. J’ai dormi d’un coup de minuit et demi à deux heures et demi et c’est tout. Fatiguée! Mais incapable de fermer l’œil. À six heure, n’y tenant plus, je suis allée prendre une douche. J’ai ramassé tout mon bardas et je me suis consolée en allant déjeuner dans le lobby. Des œufs, toutes sortes de pain, du jambon, tout plein de fromages, des confitures, des gâteaux, des jus frais, yogourt, du café, thé, charcuterie, miam miam miam!

Merci merci merci, j’ai dormi tout le long du vol du retour (je ne travaillais pas, bien sûr).

Dans moins d’une semaine, je pars en vacances pour un mois! Allemagne! D’ici là, je rush pour boucler mes valises et vider ma chambre pour le switch de colocs.

À bientôt, Toulouse!