«Je suis agent de bord.» Sourcils relevés: «De bar?». «Non, de bord.»
Sourire incertain. Je lâche enfin le morceau: «Hôtesse de l'air». Ah!

13.2.12

Le chant du coq

Vancouver. Décembre 2010. Commercial Drive. Je suis au Libra Room, un beau restaurant/lounge où on peut entendre de la musique live tous les soirs. Sur les murs de brique, une exposition de photographies en noir et blanc.

C'est l'avant-veille de mon départ pour Montréal où m'attend mon entrevue pour, peut-être, devenir agent de bord. Les quelques amis avec qui je me suis liée les derniers mois sont présents. Carlos et Sergio (Mexicains), Aziz et Majed (Saoudiens) et ma bella Mélia, Québécoise qui m'a accueillie chez elle quand je suis arrivée dans la ville. Parle parle, jase jase, l'ambiance est relaxe, on boit et mange tranquillement. On discute principalement en anglais puisque c'est notre langue commune. Carlos a soudain une inspiration: "Hey, girls, what's the sound of the rooster in French?". Il entend par là le chant du coq, en caricature, comme dans les BD. "In French it's "Co-co-ri-cooooooo!" Tout le monde se marre. Ce n'est pas sérieux tout ça, hé, ho! Et en espagnol, le comique, qu'est-ce que c'est? "Ki-ki-ri-kiiiii!" C'est à notre tour, Mélia et moi, de s'esclaffer. "Ki-ki-ri-ki", are you kidding me? This is worst! It's not virile at all!" Quand la serveuse nous apporte nos repas, on lui pose aussi la question. En anglais, on dit: "Cockle-doodle-doo!" Oh la la. On est allé chercher ça loin, les amis anglophones du monde entier. "Cockle-doodle-doo, really?". On n'est pas impressionné. Majed nous informe qu'en arabe, le son de ce roi de la basse-cour est "Hou hou hou houuuuuu!". Tout à fait acceptable. Pour le moment, la représentation sonore arabe du chant du coq passe haut la main le test du réalisme. On a bien ri, mais pour cette soirée, l'histoire du chant du coq se termine.

Il faut savoir que pendant ce temps, Sergio s'était éclipsé pour aller jaser avec le barman qu'il connaissait bien. Il a donc manqué l'anecdote du chant du coq. Le lendemain, j'ai voulu partager ça avec lui. On est en train de faire l'épicerie au IGA sur Robson, chacun à un bout de la rangée des fruits et légumes. Il est dix-sept heures, ça grouille de monde. Prononcez cette phrase fatidique que j'ai lancé à voix haute et laissez aller votre imagination. À brûle-pourpoint, je l'interpelle d'une voix forte: "Hey, Sergio, what's the sound of the coq?" Le ton baisse. Toutes les têtes se tournent vers moi, l'air ébahi ou réprobateur. Oui. En anglais, le son coq = cock. La définition du mot cock? "Vulgar, slang: Penis." On l'utilise parfois dans le sens de l'oiseau, mais généralement, on appelle le coq "rooster". Hors contexte, ma phrase a l'air complètement débile et elle n'est pas totalement sortie de ma bouche que je comprends ma bourde et voudrait la rattraper. Trop tard. Sergio me regarde, interdit. Finalement, il finit par lâcher, embarrassé et pas trop sûr: "Ok girl... what do you mean...?" Et là je rigole à n'en plus finir. Plus capable de parler. J'essaie d'expliquer, mais j'en braille tellement l'erreur est comique. J'ai déjà tenté plusieurs traductions littérales en y ajoutant un petit accent anglo, sait-on jamais, mais cette fois, je me suis surpassée. What's the sound of the cock??? Surtout que je ne voulais pas essayer de traduire mot à mot, c'est sorti sans que j'y pense. Les joies d'apprendre une autre langue!

Pour enlever le projecteur de ma personne, laissez-moi vous raconter une autre anecdote du genre que mon colocataire de Montréal, Benoît, a vécu il y a quelques semaines. Désolé Benoît, mais l'histoire vaut d'être partagée! :-) Cet hiver, nous avons accueilli Jason, un couchsurfer d'Edmonton. Un quoi? Un couchsurfer. Ça, ce sera le sujet d'un autre texte. Nous sommes attablés et on discute d'art culinaire, Jason étant un peu craintif à tester des aliments qu'il ne connaît pas. Il observe longuement, sent, tâte. Ça a l'air difficile de prendre une décision à savoir s'il faut goûter ou non. Enfin, il ose. Ouf, ma tapenade passe le test. Je ne sais pas comment c'est venu sur le tapis, mais on parle fromage râpé. "What is it?" Moi: "Like cheese in chunks. I don't know the word... kinda little pieces?" Le visage de Benoît s'allume: "Raped cheese?" Nice try, buddy. Jason ouvre la bouche et me regarde, muet, des points d'interrogation dans les yeux. Parfois ça marche, parfois non. La fameuse traduction littérale. Du fromage violé (rape: viol, raped: violé). On a fini par apprendre que le fromage râpé se dit "grated cheese" en anglais. Allez, on s'est bien marré!

Et vous, des anecdotes linguistiques du genre?

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